Acteur de la transition écologique et du progrès de l'agriculture depuis 40 ans, la FNAB s'engage aujourd'hui dans une démarche de progrès et d'innovation sociale.
Au terme d'une année de travail qui a mobilisé l'ensemble de son réseau, elle a identifié et formalisé neuf critères pour améliorer le bien-être au travail. Adoptés à l'unanimité par son Conseil d'administration, ils seront intégrés dès cette année au label qu'elle a lancé à titre expérimental en 2020.
Bien-être au travail : une nécessité pour assurer le renouvellement des générations
Le renouvellement des générations est un défi majeur pour le monde agricole, qui a impérativement besoin de susciter de nouvelles vocations. Parce qu'elle est porteuse de sens et d'innovation agronomique, la bio attire certes de nombreux jeunes et moins jeunes. Mais l'image des métiers de l'agriculture (pénibilité, faible rémunération…) reste un frein qu'il est nécessaire de lever en s'attaquant de front à la question centrale du bien-être au travail, grande oubliée de notre secteur[1], y compris en bio. Le label AB, qui s'attache au bien-être animal, ne prévoit en effet rien à ce sujet.
La valeur travail n'est pas reconnue dans le secteur agricole
La souffrance au travail est une réalité du monde agricole qui se manifeste par un taux élevé de dépressions et de suicides. Si ces conséquences extrêmes touchent avant tout les agriculteur-rices pris dans l'étau du modèle productiviste, les chef-fe-s d'exploitations bio sont aussi soumis au stress généré par des revenus soumis aux aléas du marché, du climat et sans rapport avec le travail fourni et les compétences mises en œuvres. Autant de facteurs anxiogènes qui se répercutent sur les conditions de travail des salarié-es agricoles.
Les syndicats demandent régulièrement une meilleure application du droit du travail sur les fermes pour ces salarié-es qui effectuent un travail physiquement pénible mais dont les rémunérations sont souvent très basses, les contrats précaires et qui n'ont ni perspectives d'évolution, ni accès au dialogue social.
« Pour améliorer nos conditions matérielles de travail et embaucher dans de bonnes conditions, il faut avant tout avoir un système rentable, souligne Christophe Osmont, paysan bio dans la Manche. Mais les prix des produits agricoles sont déconnectés de la valeur du travail. Il faut donc commencer par inverser la façon de penser. »
La rentabilité de la ferme condition première du bien-être au travail
Depuis une quinzaine d'années la FNAB travaille sur une approche de fixation du prix non par le marché mais en partant du fonctionnement de l'entreprise agricole. Cette approche inspirée des critères du commerce équitable a déjà été utilisée dans le cadre des négociations contractuelles avec deux entreprises : Blédina et Picard.
« Au lieu de déterminer le prix en fonction de ce que le client est prêt à payer, on le construit en partant de critères objectifs qui intègrent les coûts de production, la juste rémunération des productrice-eurs, le nécessaire investissement dans l'exploitation et la prise en compte des aléas climatiques », explique Stéphanie Pageot, éleveuse laitière en Loire Atlantique, en charge du label FNAB. « Partir d'un prix juste est non seulement légitime, mais c'est essentiel pour assurer la pérennité des fermes et le bien-être au travail. »
La formation des chef-fes d'exploitation à cette méthodologie de fixation du juste prix de vente de leurs productions est le premier des neuf critères du nouveau label de la FNAB. Cette méthodologie est déjà au cœur du label équitable lancé par la FNAB en 2020. En 2022 l'objectif sera de généraliser l'accompagnement des paysan-nes sur cette dimension en travaillant également les marges de manœuvres selon le mode de commercialisation.
Nous appelons l'ensemble des organisations de commercialisation agricoles à déployer cet accompagnement pour leurs adhérents et les ministères de l'agriculture et du travail à l'encourager dans la continuité de la loi EGalim qui pousse la contractualisation tripartite.
Le travail des salarié-es reconnu et valorisé
Les 8 autres critères[2] concernent l'ensemble des personnes travaillant sur les fermes :
- obligation de formation des chef-fe-s d'exploitation au rôle d'employeur
- obligation de formation continue des salariés (2 jours tous les 2 ans);
- exclusion du statut de conjoint-e collaborateur-trice ;
- encadrement de l'accueil des stagiaires et woofeurs (un à trois stagiaires maximum à la fois suivant la dimension des fermes et pas plus de deux wwoofeur-euse-s) ;
- interdiction du recours à la main d'œuvre étrangère sous statut de travailleur détaché ;
- obligation d'information des salariés (livret d'accueil comprenant des informations sur l'organisation du travail à la ferme, la Convention Collective Nationale des salariés agricoles, les équipements de protection individuelle obligatoires…) ;
- consultation des salariés sur les questions d'organisation du travail (réunions d'équipe au moins deux fois par an) ;
- rémunération mieux-disante des salariés (avec diverses options comme la prise en compte de l'ancienneté y compris pour les saisonniers réguliers, l'intéressement des salariés, le versement de primes ou encore des rémunérations supérieures de 10% à celles prévues par la convention collective).
La FNAB a travaillé par ailleurs sur des critères biodiversité qui viendront enrichir son label FNAB.
Un webinaire de présentation a été organisé le mardi 22 février.
La FNAB s'est fixée comme objectif de former 300 fermes en 2022 et de les accompagner dans la mise en place de ces critères.
Pour en savoir plus, consultez ici le Dossier de presse
Contact : William Lambert, attaché de presse, 06 03 90 11 19